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Qu’entre vous et le ciel un monceau d’or se dresse
        Vous cachant le seul vrai trésor ;
Pour votre lot d’amour, d’amitié, de sagesse,
        Ayez de l’or, rien que de l’or ;
Qu’il soit votre penser, dans les bois, sur les grèves ;
        Votre entretien avec la nuit ;
Que son œil fauve et louche éclaire seul vos rêves-
        Ayez pour musique son bruit !
Que l’or vous tienne lieu des baisers de vos mères
        Et des sourires paternels,
De tous les biens sans nom qui vous semblent chimères
        Et qui sont les seuls biens réels !
Que l’or jette sans cesse à votre lèvre ardente
        Son embrasement glacial ;
Quand vos bras s’ouvriront tendus vers une amante,
        Étreignez des flancs de métal ;
Ne trouvez pour vos soifs que des sources étranges
        Où l’or bouillonne à flots ardents,
Que les fruits de la terre et le froment des anges
        Soient changés en or sous vos dents !

L’anathème du Christ pèse encor sur vos têtes,
        Hommes sans âme, impurs vendeurs !
Dieu vous chasse, rentrez, sous le fouet des prophètes,
        Dans vos cavernes de voleurs,