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Tu vins ; et, furieux des autels profanés,
Tu frappas à grands coups sur ces hommes damnés ;
Ta voix tonna contre eux, précipitant leur fuite,
Et la maison de Dieu fut rendue au Lévite.


II

O poète ! sois calme et beau par la douceur ;
Qu’elle éclaire ton front et siège dans ton cœur !
Sois comme le grand chêne au feuillage sonore,
Où mille voix d’oiseaux s’éveillent à l’aurore,
Et qui chante à la brise, et qui porte en son flanc
Un miel pur et secret goutte à goutte coulant.
Que la haine jamais, que jamais l’amertume
N’enveniment tes flots de leur sanglante écume.
Au sarcasme jamais n’ouvre ta bouche d’or ;
Qu’en tes vers, blonde gerbe où nul serpent ne dort,
La tendre sympathie, ou visible, ou voilée,
Comme une fleur du ciel soit toujours recelée.
Que ta parole enfin, pour qu’on y croie un jour,
Vive par l’harmonie, et surtout par l’amour.
Va, fécond par le cœur, va, comme la nature ;
Donne un peu de ton être à toute créature ;