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Tu donnas l’Evangile à la Samaritaine
Pour une goutte d’eau puisée à sa fontaine.
La courtisane même eut grâce devant toi ;
L’adultère s’y mit à l’abri de ta loi ;
Ton esprit prévalut sur la lettre homicide,
Et tu ravis sa proie au docteur qui lapide.
Tu bénis tes bourreaux, au moment d’expirer ;
Penché sur le larron, tu lui dis d’espérer ;
Un regard triste et doux fut le seul anathème
Que tu voulus, Seigneur, lancer sur Judas même !

Une fois, une seule, — ô Jésus, ô bonté,
O front orné de paix et de sérénité,
O cœur qui par l’amour répondait à l’injure !… —
La colère atteignit ta divine nature ;
Ta face resplendit d’une sainte rougeur,
Et ta droite, ô Jésus, s’arma du fouet vengeur !

C’est le jour qu’inondant la maison de ton père,
L’impur négoce avait détrôné la prière.
Au milieu des troupeaux de bœufs et de brebis,
Les tables des changeurs souillaient les saints parvis ;
Les vils marchands, aux voix aigres et discordantes,
Discutaient avec bruit les achats et les ventes.