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Comme j’aurais voulu t’adoucir ton Calvaire !
Porter un peu ta croix et t’offrir le suaire,
Entre la Véronique et le Cyrénéen ;
Etendre mon manteau sur ton rude chemin ;
Te garantir des coups et des clameurs infâmes,
Et pleurer sur tes mains avec les saintes femmes !

Car, tu fus calme et bon ; car, sur ton front divin,
La colombe du ciel ne plana pas en vain.
Car, ô roi plein de grâce et de mansuétude,
L’homme a mis dans sa loi tout ce qu’il a de rude ;
Et, sur les malheureux qu’il s’applique à punir,
Tu n’étendis jamais les bras que pour bénir.
Tu voyais le péché troubler la race humaine,
Et tu vécus trente ans sans colère et sans haine !
Et moi je lis ces mots dans ton calice amer :
Le mal est une goutte et l’amour une mer.
Sois béni de tous ceux qu’on maudit, qu’on délaisse !
Jamais un mot de toi n’effraya la faiblesse,
Jamais, sans t’attirer vers son lit de douleur,
Lépreux d’âme ou de corps ne te cria : Seigneur !
Ta main fermait sa plaie et touchait sa souillure,
Sans craindre les regards ni cesser d’être pure.
Ah ! c’est que de ton cœur, comme de son milieu,
Coulait la charité, ce baptême de feu !