Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour te masquer ta honte aura quelques grands mots !
C’est la paix, le travail, l’ordre qu’on te ramène,
Et la sainte unité de la famille humaine,
Et, cédant au progrès, à tes arts plus exquis,
Tes sauvages vainqueurs par toi-même conquis…

O des peuples vieillis exécrables doctrines
Dont germa le venin en de lâches poitrines,
Armes du vil sophiste à qui pèse le fer,
Je vous hais à l’égal des portes de l’enfer !
Tu sauras à quel prix, aux temps de décadence,
D’héroïques vertus un peuple se dispense ;
Ce qu’il gagne en sagesse à voir chez lui raillés
Le cœur et le blason des aïeux chevaliers.
Ah ! malheur aux cités, quand’la race amollie
Du glaive et de la croix perd la sainte folie,
Et tient qu’il est, pour nous, sur la foi d’un rêveur,
Des droits et des devoirs plus sacrés que l’honneur !
Tu sauras s’il est bon de penser que la terre
Doit être un paradis, ou reste un champ de guerre ;
Si le joug étranger, de phrases revêtu,
Est plus doux que celui de l’antique vertu…
Le jour où le barbare, en sa froide insolence,
Alignera tes fils au bâton de sa lance.