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Mélodieux esprit né de l’accord des hommes,
Qui rends commune à tous la chose que tu nommes,
Toi dont le cœur humain est la chère Sion,
Qui formes en cités le tigre, et le lion,
O poëte ! ô voyant des lois de l’harmonie,
Qui sens palpiter l’âme où notre orgueil la nie ;
Toi qui dis frère au chêne, et, compris bien souvent,
Ne tiens pour étranger aucun être vivant ;
Pacifique soldat qui pour Dieu seul milites…
Toi, tu n’as rien pourtant des cœurs cosmopolites !
Tu l’aimes d’un amour jaloux et menaçant
Le pays trois fois saint qui t’a donné ton sang.

Haine au lâche rêveur qui, drapé dans sa robe,
S’abrite du vain nom de citoyen du globe !
Qui ne voit, dans le sol du pays dévasté,
Qu’une place à bâtir l’utopique cité,
Et des dieux paternels raillant le culte austère,
Encense avec orgueil l’idole humanitaire !
Haine à ce fils bâtard des prêtres du veau d’or !
A ceux dont il est né, race plus vile encor,
Qui, d’autres mots pompeux couvrant une autre fange,
Pour patrie a tous lieux où l’on gagne, où l’on mange !

Ah ! ceux-là, ces suppôts d’avarice ou d’orgueil,