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Et ces mots dominaient au loin les cris de joie :
« Béni le roi d’amour et Dieu qui nous l’envoie ;
« Paix et gloire au Très-Haut ! » Et de toutes les mains
Les palmes et les fleurs pleuvaient sur les chemins.

Aux splendeurs de ce jour, à votre gloire humaine
Rien ne manque, ô Jésus, rien, pas même la haine !
Car les pharisiens sont là ; leurs yeux jaloux
Sous la peau des brebis font deviner les loups.
Ces chants pour d’autres qu’eux ! cette marche royale,
Ces cris joyeux, ces fleurs, tout leur est un scandale.
Or, même en détestant le paisible vainqueur,
Ils le savaient si bien doux et simple de cœur,
Qu’ils viennent le priant, dans leur zèle hypocrite,
De blâmer ces transports, ces chants dont Dieu s’irrite.
Jésus n’exauça pas ce vœu de leur orgueil,
Et du peuple amoureux il accepta l’accueil.
Car, ce jour-là, c’était, il nous l’a dit lui-même,
Un de ces rares jours où tout parle, où tout aime,
Où Dieu se montre au monde avec tant de beauté,
Où luit d’un tel éclat l’esprit de vérité,
Que si l’homme fermait son cœur à la lumière,
Des voix pour l’acclamer sortiraient de la pierre.

Mais le peuple toujours chantant et louant Dieu,