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Jour qu’au bout de son œuvre, en s’immolant pour nous,
Chaque apôtre, ô Jésus, rencontre comme vous ;
Où l’homme qui calmait la faim des multitudes
Connaît le peuple, hélas ! à ses ingratitudes,
Et, jugé par Pilate, entend la foule en bas
Acclamer son supplice et choisir Barrabas.

C’est le jour du triomphe ; un ciel par le décore.
Et les feux du Thabor semblent y luire encore
Entouré des amis, des disciples nombreux,
Jésus passe ; et, de loin accourus, les Hébreux
Le suivent à l’envi ; leur allégresse immense
Éclate en ses transports ainsi qu’une démence.
Partout ce sont des chants et des cris éperdus,
Les manteaux, à ses pieds, sur la route, étendus,
Les bras levés au ciel, et, sur le saint cortège,
Mille fleurs du printemps pleuvant comme une neige,
Et la foule, partout, jusqu’au sein des hameaux,
Au cèdre, à l’olivier enlevant leurs rameaux.
Tant qu’on dirait, à voir ces rangs épais de branches
S’avancer et verdir au loin ces routes blanches,
Que les vieilles forêts, s’animant aujourd’hui,
Viennent le saluer et marchent devant lui.
Ainsi tout cœur le cherche et toute voix le nomme ;
Et la nature unit à ces transports de l’homme