Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et que chaque bienfait de charité divine
Aggravait son bandeau d’une sanglante épine.


VI

O Jésus, à vous voir sous les coups fléchissant,
A votre front baigné de sueurs et de sang,
J’ai reconnu d’Adam l’œuvre qui se consomme,
Et Pilate a bien dit en disant : Voilà l’Homme !
Des lambeaux de sa chair le triste genre humain,
Sur ce globe maudit, sème ainsi son chemin ;
Par la douleur au moins, à vos traces fidèle,
Même en vous blasphémant il vous a pour modèle.
Car tout fils qu’ici-bas une femme enfanta
Prend sa fatale part du fiel de Golgotha.
Heureux qui, sans murmure et plein d’une foi forte,
Partageant votre croix, , avec amour la porte.
Oui, l’Homme c’est bien vous ! Vous avez accepté
Les plus pesants fardeaux de notre humanité.

Pauvre et nu vous avez pris, au fond d’une étable,
Un corps, faible instrument qu’une grande âme accable.
De la faim et du froid subissant l’aiguillon,