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Ainsi pria Jésus. Or, le peuple entourait
Les deux sœurs, sur le bord du sépulcre, et pleurait.

Madeleine à genoux, l’âme en Dieu recueillie,
A tourné vers le Christ un regard qui supplie.
Et lui, tous ayant fait silence à ses côtés,
Cria d’une voix forte : — « O Lazare, sortez ! »

Soudain, vers le caveau, la foule qui se penche,
Dans l’ombre en mouvement, voit une forme blanche ;
C’est le mort qui se dresse, et qui se tient tout seul
Encore enveloppé, debout dans son linceul.
Les bras toujours liés, le front sous le suaire,
Il monte les degrés du profond ossuaire ;
Et, devant tout le peuple épiant son réveil,
S’arrête sur le seuil en face du soleil.

Et Jésus se tournant du côté de ses frères :
— « Détachez, leur dit-il, les liens funéraires ;
Laissez marcher le mort. »

Et Lazare vivant
Marcha vers sa maison. Et tous, en le suivant,
Silencieux, tremblants sous leur raison qui ploie,
Versaient des pleurs mêlés de terreur et de joie.