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Songez aux Juifs toujours irrités contre vous,
Qui pour vous lapider vous ont cherché naguère ;
Vous retournez, ô Maître, affronter leur colère ! »

Et Jésus répondit : « L’âme ouverte au vrai jour,
L’homme qui porte au cœur la clarté de l’amour,
Marche sans se heurter dans les sentiers funèbres
Où trébuche celui qui va dans les ténèbres.
L’homme qui n’aime pas veut pénétrer en vain
La loi que suit l’amour en son retard divin ;
Il ne saurait trouver, ne songeant qu’à lui-même,
La façon dont il faut aimer ceux que l’on aime.
Venez, ajouta-t-il, Lazare est endormi ;
C’est moi qui du sommeil veux tirer notre ami. »
Eux, sans voir le vrai sens des paroles du Maître :
« Puisque Lazare dort, il est guéri peut-être ? »

Car ils ne savent pas qu’image du sommeil,
La mort est un repos et qu’elle a son réveil,
Qu’un immortel esprit dort dans notre poussière.
Leurs yeux s’ouvrent en vain ; mais leur âme grossière,
Lorsque Jésus déploie un symbole fécond,
S’arrête sur l’image et ne va pas au fond ;
Leur cœur n’a pas encor, dans sa rude indigence,
Reçu l’esprit d’amour, esprit d’intelligence.