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II

Pain des forts que le cœur à son gré multiplie,
Galice aux profondeurs pures de toute lie,
Vin qui réchauffe l’âme et n’enivre jamais,
Chaste plante qui croit sur les plus hauts sommets,
Amitié ! don du ciel, fleur des vertus de l’homme,
Nom viril dont l’amour chez les Anges se nomme l
Le cœur qui t’appartient et qui suit ton sentie/,
Aux austères devoirs reste encor tout entier ;
Bien loin de l’épuiser tu rends double sa force,
Tes fruits, à toi, n’ont pas de cendre sous l’écorce.

Amitié ! joug divin qu’on porte librement ;
Chaîne où l’on s’est lié sans fol aveuglement,
Qu’aucun hasard fatal n’aggrave ou ne dénoue ;
Élection du cœur que la raison avoue !
Amitié ! notre appui quand tout autre s’abat ;
Sagesse qui prévoit et force qui combat ;
Acier fidèle, armure et l’âme bien trempée,
Je te serre à mon flanc comme on serre une épée !
Par toi, contre le sort sachant que l’on est deux,
On marche confiant dans les chocs hasardeux.