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Il chérit en Lazare et le ferme courage,
Et la foi du disciple, et la raison du sage ;
Il trouve un charme égal aux austères douceurs
Des deux cultes rivaux offerts par les deux sœurs :
Marthe, esprit simple et droit, qui dans ses soins rustiques
Met le zèle naïf des pieuses pratiques,
Cœur moins haut remonté, mais n’ayant pas failli ;
Madeleine, âme en qui les éclairs ont jailli
Et dont le Christ ému voit avec complaisance
Le repentir, plus grand encor que l’innocence ;
Celle qui doit verser sur l’homme dés douleurs
La divine onction des parfums et des pleurs.

Ainsi, le Maître, assis entre eux à cette table,
Cueillait ces fruits divers nés d’un amour semblable.
Tandis qu’il répandait sur le pain et le vin
Le miel de sa parole et son esprit divin,
Il goûtait, à son tour, cette amitié sincère,
Au cœur du Fils de l’Homme aliment nécessaire.
Car le prophète même a soif de l’amitié :
De toute œuvre en ce monde elle fait la moitié.