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Cherchant plus les sommets pour avoir vu l’abîme !

Magdeleine ! parfum à la croix réservé ;
Cœur perdu par l’amour et par l’amour sauvé ;
Perle digne d’orner le chaste front d’un ange,
Et qu’hier un rayon tira de notre fange !
Esclave du plaisir dont les liens rompus
Tombèrent sous le trait d’un regard de Jésus !
Elle avait tout quitté, son palais et les fêtes,
Et les tendres combats et l’orgueil des conquêtes,
Pour celui dont l’amour, prix de cet abandon,
Des faiblesses du cœur enferme le pardon.
Madeleine ! brûlant de la soif plus avide
Qui suit des passions la coupe sitôt vide,
Sa lèvre s’attachait, ivre encor de leur miel,
Au breuvage infini dont la source est au ciel.
Car les flots d’ici-bas, qui nous versent l’extase,
Sans le combler jamais agrandissent le vase ;
Et, du vide fatal quand l’homme est averti,
Dieu seul remplit un cœur d’où l’amour est sorti.

Dans ce séjour de paix que l’ombre au loin protège,
Jésus, n’ayant gardé que Jean pour seul cortège,
Fuyait souvent les Juifs et les périls nouveaux,
Seul prix qu’offre le monde à ses divins travaux.