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Lui, d’un geste adouci la rassure et l’invite ;
De sa voix calme et grave il parle. Sans rougeur.
Et sans trouble elle entend le chaste voyageur :
« Donne, lui dit le Christ, j’ai soif. »

Elle s’avance.
Pose l’urne à ses pieds ; et, rompant le silence,
Avec l’espoir secret d’un fertile entretien,
Au palmier qui lui tend son ombre et son soutien
S’appuie, et, sans lutter contre un charme qu’elle aime,
Elle ose interroger l’étranger elle-même.


LA SAMARITAINE

Quoi ! dans l’urne où je puise, étant fils de Judas,
Seigneur, tu boirais l’eau que tu me demandas !
Étrangère à tes yeux, ne suis-je pas flétrie ?
Qui donc a rapproché Sion de Samarie ?


JÉSUS

Femme, si tu savais le présent qu’à ses fils
Dieu garde en ses trésors, quel que soit leur pays ;
Si, dans la pureté d’un cœur plus prompt à croire,
Tu connaissais celui qui te demande à boire,