Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/148

Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est la Chananéenne et son cœur obstiné,
Et l’espoir maternel jamais déraciné ;
L’Idolâtre, en sa nuit tout à coup éclaircie,
A force de vouloir a connu le Messie,
Le Dieu venu pour tous, mais qui se tient caché
Et dont l’esprit ne luit qu’à ceux qui l’ont cherché.
Or les disciples, las du bruit de sa prière,
De leurs mains sans pitié la poussaient en arrière ;
Mais elle, aux pieds du Christ se traînant à genoux,
Criait : « Fils de David, ayez pitié de nous !
« Délivrez mon enfant que le démon tourmente. »

Et Jésus, retenant sa parole clémente,
Gardait un dur silence, et, prêt à s’émouvoir
Devant ces pleurs sacrés, semblait ne pas les voir ;
Même, pour l’éprouver et donner aux fidèles
De la foi des Gentils d’invincibles modèles,
Il laissa, — lui Jésus ! — tomber ce mot cruel :
« Je ne suis envoyé qu’aux brebis d’Israël. »
Toujours elle priait. Lui, comme sans l’entendre :
« Pour le jeter aux chiens, il n’est pas bon de prendre
« Le pain des fils de Dieu. »

                                     — « Seigneur ! » — d’un ton soumis,
Dit-elle ; — « aux petits chiens du moins il est permis