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Le monde, après mille ans, et sans que rien l’en sèvre,
S’abreuve encor du miel échappé de leur lèvre.
Qui ne voudrait t’aimer et te suivre à ce prix !
Ne t’éloigne donc plus ; à ceux que tu chéris
N’épargne pas la faim, les maux de toute sorte,
Ange, mais au désert où l’esprit les emporte,
Devant le vrai royaume entr’ouvert à leurs yeux,
Fais-leur goûter parfois le pain venu des cieux.
Montre-leur un moment le laurier que Dieu donne,
Mets en eux le mépris de toute autre couronne,
Pour qu’au fort des douleurs du jeûne et de l’oubli,
Quand le démon viendra, jugeant l’homme affaibli,
Les tenter à l’écart avec un pain immonde
Et leur offrir la pourpre et les trônes du monde,
L’esprit du Maître en eux se relève à l’instant,
Et qu’ils disent aussi : Retire-toi, Satan !