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Dieu lui prête souvent un regard fatidique,
Et fait voir de son ciel les vives profondeurs
A qui ferme les yeux aux mortelles splendeurs.

Tel, ayant écarté l’orgueilleuse vipère,
Jésus rentre un moment dans le sein de son père,
Et le Verbe, dans l’homme étant seul écouté,
Reprend possession de son éternité.
Il habite d’avance en la cité qu’il fonde
Et dans les temps meilleurs qu’il vient donner au monde.
Au lieu de ces palais de pierre et de limon
Et des trésors impurs offerts par le démon,
Dieu fait part, en son sein, du céleste royaume
Au fils du charpentier né sous un toit de chaume.

Oui, Seigneur, au milieu de leurs tentations,
Vous donnez à vos fils de telles visions ;
Montrant à l’ouvrier la splendide muraille
De la sainte cité pour laquelle il travaille.
Car le présent est rude ; et, pour nous soutenir,
Ce n’est pas trop, Seigneur, de voir dans l’avenir.

Il vit donc, sur le mont d’où Satan prit la fuite,
Cette Jérusalem nouvellement construite,
Aux murs de jaspe et d’or, aux douze fondements