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L’essaim joyeux et fier des plus jeunes enfants,
Prenant son bouclier dans leurs bras triomphants,
Lui présentant le pain, et vers la table, en groupe,
Portant la lourde amphore et remplissant la coupe.

Chacun d’eux, à l’envi, pour apaiser sa faim,
S’employait de son mieux, Archange ou Séraphin,
Et remplaçait le pain qu’en sa ruse grossière
L’Esprit d’orgueil prétend susciter de la pierre.
Chacun lui préparait des aliments divers ;
Les célestes greniers pour eux étaient ouverts.
Chaque Ange, parcourant la sphère qu’il cultive,
Moissonnait pour Jésus d’une main attentive ;
Choisissant les épis et les fruits les plus beaux,
La manne et la rosée et les plus fraîches eaux,
Et du cœur des palmiers la moelle nourrissante,
Et la sève de tout sous leurs doigts jaillissante.
Ils s’envolaient ainsi, des mondes étrangers,
En un rapide essor, dépeuplant les vergers ;
Et, pour former un miel de toutes leurs merveilles,
Allaient et revenaient ainsi que des abeilles.

Mais un plus doux tribut par eux était offert
Au lutteur fatigué des combats du désert ;
A ses yeux, consolés par de riants prodiges