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Choisis, ou de régner ou de souffrir chez l’homme.
Promène tes regards de Babylone à Rome ;
Vois, dans la pourpre et l’or et dans les voluptés,
Trôner sur les mortels les princes des cités.
Les peuples à genoux adorent leurs fantômes ;
Les tours de leurs maisons des dieux cachent les dômes ;
Leurs gloires sont à moi : trônes, trésors, palais,
Je les donne à tous ceux en qui je me complais.
Je te les donne à toi, pouvoir, titres sonores,
Si, t’étant prosterné devant moi, tu m’adores. »

Paisible et patient, comme il convient aux forts,
Jésus au Tentateur répondait jusqu’alors ;
Mais à voir le démon revendiquer un culte
Plein du zèle de Dieu vers qui monte l’insulte :
« Retire-toi, Satan, dit-il, retire-toi !
N’adorer, ne servir que Dieu, telle est la loi ! »

Or, Satan le quitta sans l’avoir pu connaître.
« D’où vient, se disait-il, cet humble et puissant être ?
De la terre ou du ciel ? Homme, il serait tenté ;
Ange, il eût devant moi montré plus de fierté. »
Car Satan lit au fond des âmes qu’il abuse ;
C’est à juger les cœurs qu’il met d’abord sa ruse :