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Satan voulait sonder, en sa vieille imposture,
L’âme du solitaire et sa double nature.
A défaut de l’orgueil, il cherche incessamment
A souffler aux élus l’esprit d’abattement ;
Il les pousse à douter, à se trouver indignes
Et, pour se rassurer, à demander des signes.
Or le saint doit trembler, et Dieu n’a pas voulu
Dès ce monde annoncer la victoire à l’élu ;
Dieu commande l’espoir, mais il maintient l’obstacle
Et craint l’oisiveté qui peut suivre un miracle.

Jésus repartit donc : « Il est encore écrit :
Tu ne tenteras point ton Dieu. »

Le noir Esprit
L’emporta de nouveau sur un mont solitaire
Et, d’en haut, lui montra les choses de la terre,
Les royaumes du monde et toutes leurs splendeurs,
Tout ce que l’homme enfin poursuit de ses ardeurs.

Et Satan lui disait : « Vaut-il mieux, examine,
Être celui qui sert, ou celui qui domine ?
Vois ce qu’on fait là-bas de tout lâche rêveur
Qui se dévoue au nom de saint et de sauveur.