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Car l’homme tremble en moi de faillir sous le Dieu.
Vous soutiendrez mon cœur, l’ayant fait votre vase.
Votre main, qui posa l’univers sur sa base,
Sur sa tige affermit la pauvre fleur des champs.
L’âme, ici-bas livrée aux aquilons méchants,
Ne mûrit pas de grains pour la moisson divine,
Si dans votre amour seul elle n’a pris racine.
O Verbe, dont chacun porte un rayon dans soi,
Puisque vous m’habitez, Seigneur, protégez-moi,
Et défendez mon cœur du démon qui l’effraie
Comme vous défendez le froment de l’ivraie,
L’étoile du nuage et de l’obscurité,
En abondant chez eux de sève et de clarté.
Je suis prêt au combat, mon père, et vous supplie ;
L’homme a fait ce qu’il peut, il pleure et s’humilie,
C’est à vous d’enchaîner le tentateur fatal,
O vous, souverain bien, délivrez-nous du mal ! »

Or, l’Esprit saint, à qui l’humilité commande,
A qui toute prière ouvre l’âme plus grande,
Vient dans le fils de l’homme emplir dès ce moment,
La place faite à Dieu par le renoncement.

Mais, observant de loin que Jésus se prosterne,
Déjà l’Esprit d’orgueil goûte un triomphe interne ;