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Mais Dieu donne au prophète une loi plus sévère
Et lui défend les fleurs qui bordent son calvaire.
Quand l’homme avec sa croix porte les croix d’autrui,
Ce qui fait nos vertus est un piège pour lui.
L’amour, qui purifie et soutient nos cœurs frêles,
Souille un cœur de lévite et fait tomber ses ailes.

Or, Jésus approchait, à tous les yeux caché
Par le buisson en fleurs sur le chemin penché ;
Au travers il peut voir la cour hospitalière
Où parle en ce moment une voix familière.
Près du char des faneurs ployant sous l’heureux faix,
Le vieillard déliait ses taureaux satisfaits ;
Ah ! si l’hôte adoré se détourne et se montre
Comme ces cœurs joyeux iront à sa rencontre !
Comme ce mot : toujours ! dit par lui sur le seuil
Du bonheur des élus payera leur accueil !
Il le sait, et près d’eux, il sent bien en lui-même
Qu’on peut se faire un ciel de la terre où l’on aime.
Plus loin c’est un combat librement entrepris,
Ici c’est le repos entre des bras chéris.

Ah ! va-t-il s’arrêter pour respirer cette âme ?
Va-t-il se souvenir qu’il est né d’une femme ?
L’arbre qui sur le monde un jour doit dominer,