Il a connu ce toit où tant de paix se cache,
Un lien hospitalier dès longtemps l’y rattache,
Au retour du désert à ce foyer admis,
Il y trouvait toujours des visages amis.
Car il allait souvent, comme tous les prophètes,
De la nature au loin goûter les saintes fêtes ;
C’est là que par son père il était visité :
Là qu’il se souvenait de sa divinité.
Puis, quand il descendait pour rentrer chez les hommes
Et se sentir encore être ce que nous sommes,
C’était à ce foyer qu’il se disait comment
Le bonheur peut nous luire ici-bas un moment.
Dans l’heureux champ, qui semble aimer aussi ses maîtres,
Un vieillard vénéré vit comme ses ancêtres.
Quelle paix, quelle joie offre cette maison
Au cœur dont son enclos ferait tout l’horizon,
Au mortel investi d’un humble ministère,
A qui restent permis les amours de la terre ;
Qui, n’ayant à porter que sa part de douleur
Ignore encor le poids de l’esprit du Seigneur !
Heureux l’homme inconnu, sans mission jalouse,
Qui prendrait sous ce toit sa sœur et son épouse,
Et recevant du ciel des rejetons nombreux
D’un sort pareil au sien se flatterait pour eux !
Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/120
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