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Les bornes sur le sol déjà sont plus distantes ;
Plus rares, les maisons déjà font place aux tentes.
C’est, au lieu des faneurs, la tribu des bergers.
Plus de grasse vallée et de flancs ombragés ;
Dans les maigres sillons déjà percent les roches ;
Tout de la terre inculte annonce les approches.
Un dernier champ d’épis côtoyant le sentier,
Autour de quelques ceps un buisson d’églantier,
L’herbe autour d’un vieux puits plus épaisse et plus verte,
Près d’une humble maison de platanes couverte
Quelques fleurs, un verger orné d’arbres choisis,
Font, au bord du désert, une extrême oasis,
Tout est propre et charmant dans cet étroit domaine ;
Les chars plus élégants que le bouvier ramène,
Les arbres mieux taillés, la blancheur du bétail,
Tout montre en ce logis la joie et le travail.

Dès qu’en son vert enclos parut la blanche ferme,
Le pèlerin distrait marcha d’un pied moins ferme,
Son bâton sur le roc sonna moins rudement,
Son front de plis rêveurs se rida vaguement.
Ses regards hésitants cherchaient cette demeure ;
Il semblait ne souffrir qu’à partir de cette heure,
Cet intime combat dont le ciel est l’enjeu,
Et que soutient en lui l’homme appuyé du dieu.