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La campagne invitait le cœur à s’y répandre.
C’était la fenaison ; et du labeur commun
Le fardeau partagé s’allégeait pour chacun.
Mille fleurs, qu’avec l’herbe abattent les faucilles,
Se nouaient en couronne au front des jeunes filles ;
Les faucheurs excités redoublaient à leurs chants.
Tout transforme en plaisir le saint travail des champs,
Où l’invisible nœud des douces sympathies
Lie en gerbes, souvent, les âmes assorties.
Pour l’heure un gai repas, à l’ombre du hallier,
Rassemble des faneurs le cercle irrégulier,
Et, dans leur joyeux groupe, ils offrent une place
Au voyageur aimé qui leur sourit et passe ;

Et c’est à chaque instant quelque tableau pareil
Où l’homme a mis sa joie, où Dieu met le soleil,
Dans un vallon plus frais que les rosiers parfument,
Sur la pente opposée au bourg où les toits fument,
Près des eaux soupirant leurs bruits doux et confus,
Un palais s’abritait sous les cèdres touffus ;
Un palais écarté dont le plaisir est l’hôte,
Et dont chaque ornement est le prix d’une faute.
Éteignant ses splendeurs dans l’aurore aux flots d’or,
La fête de la nuit s’y prolongeait encor.
Les conviés cherchaient la fraîcheur hors des salles.