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Et partit revêtu du baiser maternel.

O famille ! ô foyer ! temple cher à Dieu même !
O filial amour, religion suprême,
Doux asservissement qui fait les hommes forts,
Paix qui prépare l’âme aux combats du dehors,
Loi dont les plus grands cœurs suivent le mieux les règles,
Humble nid où s’accroît l’envergure des aigles,
Joug aimé des plus fiers et des plus triomphants,
Qu’un regard maternel trouve toujours enfants !


III

Or, poussé par l’Esprit dans ses austères voies,
Jésus fuit ce que l’homme a de plus saintes joies,
Sa mère et ses amis, la paix de son foyer,
Ses fleurs, son banc de pierre à l’ombre du figuier,
Et les rêves d’été, les sommeils sur la mousse,
Et du toit des aïeux l’obscurité si douce ;
Tous ces biens que la foule a le droit de goûter,
Mais qu’aux élus le ciel montre pour les tenter,
Ces chastes biens à qui tout prophète renonce
Pour suivre un dur sentier de cailloux et de ronce.