Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sur un lit invisible on la dirait couchée.
Réveillant tous les yeux par le vin engourdis,
La vierge, en souriant, subit leurs traits hardis ;
Le roi de longs regards l’entoure avec ivresse,
Aspire de ce corps l’ardeur ou la mollesse,
Et s’incline, et la suit, palpitant, éperdu ;
Car l’obscène serpent dans le cœur l’a mordu,
Et de ses sens éteints rallume l’agonie.
Enfin, lorsqu’à ses pieds, la danse étant finie,
Vermeille et tout en feu sous le lin transparent,
La danseuse, avec art, se plie en l’adorant :

« Enfant, dit-il, ta danse à nos yeux trouve grâce.
Forme un vœu, qu’à l’instant ton roi le satisfasse.
Dans son royaume entier choisis : tout l’or d’Ophir,
Mes coffres, mes colliers, perles, rubis, saphir,
Choisis et prends. J’en jure ici, devant mes princes,
Demande la moitié du trône et des provinces,
Par le ciel et ce sceptre, et mon serment de roi,
Mes peuples, mes trésors, enfant, seront à toi ! »

Hésitant, mais adroite, aux ruses d’un autre âge
Déjà mûre et voulant le prix de son ouvrage,
La jeune fille sort, court, s’arrête un instant
Au seuil du gynécée, où sa mère l’attend,