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Entre les infinis tient l’âme balancée,
Forme entre les humains et les filles du ciel
Ces nœuds puissants, tressés dans l’immatériel,
Dicte au pâle inspiré les hautes mélodies,
L’enlève et le soutient sur ses ailes hardies,
Et berce le songeur dans un monde enchanté
Où le rêve est plus vrai que la réalité.
Guidé par elle, en vain je me suis mis en quête :
Jamais la blanche Tour n’a laissé voir son faîte.

J’ai pris dans la forêt par un autre chemin :
Urgèle m’a saisi de son ardente main ;
J’ai volé sur son char, traîné par des panthères ;
J’ai bu l’enivrement de ses baisers austères ;
Elle a plongé mon cœur du volcan au glacier,
Et de ma bonne armure elle a trempé l’acier.
J’ai goûté, sur ses pas, dans les nuits ténébreuses,
J’ai goûté les amours, les haines vigoureuses.