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Je les voyais sourire en mille fleurs étranges,
Leurs grands yeux courroucés me luisaient dans l’éclair.

Nous vivions face à face ; ils changeaient de figure ;
Mais que leur front sacré fût plus sombre ou plus doux,
Je n’imaginais qu’eux et moi dans la nature,
Eux et le vague esprit qui circule entre nous.

De quel monde imprévu sortent ces nouveaux êtres,
Plus forts que la nature et les pâles humains ?
N’êtes-vous pas leurs serfs, vous qui semblez leurs maîtres,
Vous, qui saisis par eux, les flattez de vos mains ?

Ils dévorent la pierre, ils vomissent la flamme ;
Ils percent de leurs fronts nos volcans étonnés ;
De quels accouplements du métal et de l’âme,
De quel affreux hymen ces monstres sont-ils nés ?