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Dans l’éternel combat des choses contre l’homme,
Blessé par la nature, ou par elle endormi,
Sans savoir le vrai nom dont son hôte se nomme,
J’apprenais le respect de ce saint ennemi.

Vaincu, j’avais l’orgueil à défaut d’une proie ;
Quand je bravais la nuit et l’horreur de ces lieux,
J’étais seul dans ma force, et je goûtais la joie
De mesurer mon âme à l’âme de mes dieux.

Je les adorais plus ayant su les combattre ;
Et nourri de la chair des aurochs et des ours,
Sous mes chênes sacrés que nul n’osait abattre ;
J’écoutais un esprit qui me parlait toujours.

Entre ces dieux et moi c’étaient de longs échanges,
Un commerce éternel de l’âme, ou de la chair ;