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Il tombe, il se redresse : et jusqu’au trait mortel,
Impassible au combat comme un prêtre à l’autel,
Puisqu’il a dû braver, hélas ! la pitié sainte,
Il brave les douleurs et n’a pas une plainte.
Homme, encore un effort ! Voici le dard vainqueur,
Le dard empoisonné qui perce jusqu’au cœur ;
Donne un dernier baiser à la croix de ton glaive !
Il pâlit, il s’affaisse et plus ne se relève ;
Et le feu qui succède à l’horrible frisson,
Jusqu’au fond de ses os coule avec le poison ;
Pas de fibre en son corps que la douleur ne ronge ;
C’est le suprême assaut qui longtemps se prolonge.
Sans vivre et sans mourir, cette chair qui se tord
Sentira jusqu’au soir les affres de la mort ;
Sous les pieds des chevaux elle est déjà foulée,
Que l’âme encor persiste et n’est pas envolée.
Il faut, tant que ce cœur palpite vaguement,
Il faut qu’il soit broyé comme le pur froment.