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« Où les âmes au but sont doucement guidées,
Comme un docile enfant, par l’instinct filial ;
Où rien des passions ne se mêle aux idées ;
Rien du réel infime au suprême idéal.

« Car tous ces feux sanglants qui roulent sur nos têtes,
Ces obscènes vapeurs qui salissent les cieux,
Ces colères du vent, ces foudres, ces tempêtes
Sont issus de la terre et nés dans les bas lieux,

« Plus haut voici la paix, une paix immuable !
Plus haut voici l’Éden, et je l’ai visité,
L’Éden inaccessible à ce corps misérable,
Mais où l’esprit remonte et plane en liberté.

« Voilà que j’y saisis des fleurs insaisissables
Dans ces champs interdits où je vais sans effroi !
Ma chair a teint de sang les rochers et les sables,
Mais l’orage a grondé chez elle et non chez moi.