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J’ai bu l’ivresse à pleins calices,
Au fond d’un bois, dans une tour.

La tour est si claire et si blanche,
Qu’on dirait, de loin, tous les soirs,
La lune qui monte, ou se penche,
La lune entre les rameaux noirs.

Un grand bois défend la tour ronde
De tout passant fade ou moqueur ;
Elle est à l’autre bout du monde,
Elle est à deux pas de mon cœur.

Le bois est peuplé de féeries
Trompant l’oreille et le regard ;
Moi, j’ai cueilli dans ses prairies
Des fleurs qu’on ne voit nulle part.