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A vos côtés, que Dieu leur fasse, longuement,
Voir votre fils docile à votre enseignement ;
Des leçons du foyer qu’ils apprennent sans cesse
Le respect des aïeux source de la sagesse ;
Qu’ils reçoivent de vous la raison et la cœur,
D’un esprit large et droit la sereine vigueur,
Surtout ce vieil honneur, richesse peu commune,
Par qui l’homme est toujours plus haut que la fortune !

En quel siècle fatal grandiront ces enfants ?
Quels crimes prévaudront, railleurs et triomphants ?
Les lois, les mœurs, les arts, rien de grand ne nous reste ;
Je vois monter à flots tout ce que je déteste.
Nous, du moins, il nous faut, dans un respect profond,
Rendre un culte suprême à nos dieux qui s’en vont.
O mon père ! je viens, jusqu’à l’heure dernière,
Me ranger avec vous sous l’antique bannière :
Les plus jeunes de cœur sont encor les aïeux ;
Dans le monde nouveau les hommes naissent vieux.
Nous, résistons au temps : fidèles à l’histoire,
D’un siècle sans honneur retardons la victoire
Mieux vaut rester soi-même et noblement finir,
Que rien sacrifier à ce vil avenir.
Je veux dresser mes fils à des luttes pareilles ;
Qu’ils jugent au vrai poids leur temps et ses merveilles,
Et, malgré le courant des esprits asservis
Qu’ils suivent les sentiers que vous avez suivis ;
Qu’ils lèguent à leurs fils le dieu de votre culte ;