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uivais,
Vous offrez vainement la lumière et l’exemple
A qui respire encor l’air de ce temps mauvais.

La vertu n’a plus d’aile et de sainte folie ;
Tout conspire à courber, à briser l’homme fier ;
Le destin est complice ; et sous sa main de fer,
Devant toute bassesse, il faut qu’on s’humilie.

Le beau s’est retiré de tout,… même du bien !
Oh ! dites-moi, l’esprit que votre amour élève,
Qui vit de votre culte, et n’aspire à plus rien,
Qu’à rester digne encor de vous et de son rêve,

Par où doit-il marcher dans cette épaisse nuit ?
Tous les chemins frayés nous mènent à J’abîme.
Toi dont le livre ardent m’exhorte et me conduit,
Parle ! un dernier conseil, poëte magnanime,

Car de tous ces grands morts les cœurs te sont ouverts,
Tu sais à quel foyer s’alluma leur courage ;
Leur voix grandit encore en prenant ton langage ;
Leur âme et leurs vertus ont passé dans tes vers.

Réponds ! quand chacun tremble et détourne la tête,
Près du juste ébranlé par les « derniers adieux,
Et qui marche au combat, certain de sa défaite,
Comment payer sa dette a l’honneur des aïeux ?


PIERRE CORNEILLE


« Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux. »