Sous l’or et l’airain des riches armures.
Les épis sont pleins, les herbes sont mûres :
Comme les pavots et le blond froment,
Les hauts cavaliers tombent lourdement.
Rompez dans leurs mains, comme une quenouille,
La lance effilée au rouge pennon
Et l’écu d’azur où s’écrit leur nom.
Sous l’acier des faux lavé de sa rouille,
Leur glaive est brisé comme une quenouille.
Gravissez, faucheurs, ces monceaux de morts
Pareils aux sommets, votre âpre domaine ;
Sur ces prés sanglants le fer se promène.
Pour trancher la fleur des preux et des forts,
Gravissez, faucheurs, ces monceaux de morts.
Vous n’aurez jamais de moissons plus belles ;
Ramenez vos chars pleins et triomphants ;
La liberté sainte a, pour vos enfants,
Lié de ses mains les blondes javelles…
Vous n’aurez jamais de moissons plus belles.
Rentrez sous le hangar les faux et les tridents ;
Votre toit vous rappelle après ces jours ardents.
Moi j’irai sur vos monts, qu’en rêvant je traverse,
Cueillir à chaque cime une vertu diverse.
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