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Je trouve en ces forêts et mon luxe et mes fêtes ;
Plongé dans la nature, y parlant à nos dieux,
Tout ce que je demande à cet âge odieux,
C’est d’épargner encor tes bois et mes retraites.

Si je viens, triste et seul, au-devant du désert,
C’est pour fuir, dans l’azur, sur ta cime où je monte,
L’aspect même du joug dont ils aiment la honte
Et leurs lâches plaisirs où la vigueur se perd ;

Pour couvrir du silence et de l’ombre des chênes
D’indignes souvenirs dont je suis innocent ;
Pour respirer un air plus vif et plus puissant
Et qui soit pur, au moins, des serviles haleines.

Je cherche, au fond des bois, un autel, chaste encor,
Qui résiste à l’orgueil des pompeux sacrifices
Et, libre, en son mépris pour le marbre et pour l’or,
N’ait pas au crime heureux offert des dieux complices.


L’ESPRIT


Viens ! j’accueille et nourris ce fécond désespoir,
Ces haines magnanimes ;
Je hausse les cœurs fiers et d’un ferme vouloir
Au niveau de mes cimes.