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KONRAD


Comme on respire bien sur nos Alpes sublimes :
Leur souffle est plein de force et de sages conseils.
Lorsqu’on rêva d’atteindre aux héroïques cimes,
Qu’on est bien, pour aimer, sous ces chastes soleils !

Livre, ô blanche Yung-Frau, livre-nous ton domaine ;
Soutiens, sur tes degrés d’azur et de cristal,
Porte, comme une sœur, l’ange que je.t’amène ;
Elle est digne d’avoir ton front pour piédestal.

Comme ta neige vierge où l’aigle seul s’abreuve,
Son amour, éteignant l’ardeur des faux plaisirs,
Verse au cœur, à travers les sentiers de l’épreuve,
Un torrent qui l’exalte en ses nobles désirs.

Elle a rendu meilleurs tous ceux qui l’ont aimée ;
Et, rien qu’en l’écoutant, sans vivre sous sa loi,
En respirant de loin cette rose embaumée,
L’âme s’ouvre à sa grâce et désire la foi.

Son sourire a brillé sur mes doutes funèbres.
Frappant le noir essaim, comme un rayon vainqueur,
Ce soleil a chassé les oiseaux de ténèbres,
Et l’aube du vrai jour se lève dans mon cœur.