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nous dans l’ordre lyrique, dans ce que la poésie a de plus élevé, le lyrisme religieux. La poésie religieuse représente dans son ensemble l’hymne de la création à son auteur ; l’homme y apparaît bien comme la seule parole, mais non pas comme la seule voix qui s’élève vers Dieu : il est le coryphée, mais il ne forme pas le chœur tout entier. Rien ne répugne donc à ce que le poëte désigne autour de lui par leur nom les instruments qui l’accompagnent, les voix diverses qui prennent part à ce grand chœur de la prière universelle. Appliquée aux grandes compositions lyriques, une forme pareille y introduit un des éléments du drame qui rompt la monotonie de l’ode et de l’élégie, et qui permet de faire vibrer plus à fond chaque sentiment et d’en mieux tirer tout ce qu’il renferme de richesse poétique.

Le langage des images, des analogies, des métaphores, des figures de toutes sortes, concourt dans ce genre de poëme avec la langue abstraite. Tous les objets de la nature y sont mis en œuvre comme les lettres d’un alphabet vivant, comme les notes d’un immense clavier, pour exprimer le sentiment, la passion, les divers états de l’âme. Je constate cette façon de peindre le cœur de l’homme dans la grande poésie typique de nos jours, dans toute poésie où se manifeste avec une certaine puissance le sentiment de la nature. Cet ordre de composition, pour les peintres, c’est le paysage à son état le plus élevé ; c’est-à-dire une scène où l’action des personnages humains se développe dans un site concordant à cette action par son caractère, dans un site qui explique, qui commente l’action, qui, par tous ses détails de forme et de couleur, comme par son ensemble, aide à produire dans l’âme du spectateur l’effet moral que cherche l’artiste.

Mais la musique nous fournira, dans un type plus