Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’expression du sentiment humain, soit tout à fait distincte et séparée du récitatif ; de telle sorte que les voix de l’homme et celles de la nature semblent se répondre comme dans un drame, au lieu de se confondre comme dans un hymne.

La science des harmonies du monde extérieur avec l’esprit humain et la science de l’harmonie musicale, l’orchestre poétique et l’orchestre instrumental se sont également enrichis ; leur rôle devient forcément plus considérable. Cette intelligence plus vive de la signification morale de la nature, cette facilité à lire comme les caractères d’une langue écrite les phénomènes du monde extérieur, entraînent une tendance à se servir plus souvent des images, ces lettres vivantes, pour écrire la pensée. L’abondance de ces formes et de ces voix nouvelles, employées dans le cadre de la poésie lyrique à représenter les sentiments humains, devait contraindre un jour le poëte, dans. l’intérêt même de la clarté de son œuvre, à distinguer nettement chacun des interlocuteurs de ce dialogue, chacun des instruments de cet orchestré, à lui^ faire exécuter comme un monologue dans le drame, afin de mieux en tirer toutes les ressources de l’harmonie et du sentiment qui lui est propre. De là, dans quelques poëmes de notre temps, la parole accordée à des objets de la nature, au grand scandale de certains esprits qui semblent ne pas comprendre que c’est toujours la passion, le sentiment, l’âme humaine en un mot, qui se fait entendre par l’organe de ces nouveaux acteurs. L’idée, ainsi répétée par divers instruments, reçoit de chacun d’eux un nouvel aspect, une signification nouvelle ; elle se complète à mesure que cet accompagnement complète et développe la mélodie.

Affranchissons-nous, un moment, de la fascination qu’exerce en France la littérature dramatique ; plaçons-