Un soleil créateur sur tout mon corps ruisselle,
Et, mieux prêt au combat, je n’ai plus d’ennemis.
Ici, la nature ouvre à mon nouveau courage
Un monde à conquérir sans y causer dé pleurs.
J’y suis fier d’arracher les cristaux et les fleurs
A ces sommets abrupts défendus par l’orage.
J’y sens, à chaque essor vers l’horizon vermeil,
A chaque halte au bout d’une cime élancée,
J’y sens la passion qui cède à la pensée
Comme un feu plus grossier éteint par le soleil ;
Si tu veux briser tes chaînes,
Fuis au delà des grands chênes ;
L’homme est encor trop près d’eux.
Prends, pour éviter ses pièges,
Dans les rochers et les neiges,
Prends nos sentiers hasardeux.
Le chamois à barbe blanche
Au-dessus de l’avalanche
Monte avec son pied de fer ;
Le vieux chamois solitaire,
Le seul des fils de la terre,
Qui soit resté libre et fier !