L’harmonie est en vous, l’accord triste ou joyeux !
Et qui bien vous écoute,
Distingue avec amour le flot mystérieux
Qui filtre goutte à goutte.
Ce soupir contenu qui s’exhale à regret
N’en est pas moins sublime ;
C’est un monde profond autant qu’il est secret,
Que ce murmure exprime.
Mais pour l’entendre, il faut, vers l’humble voix penché,
Dans un lieu solitaire,
Comme vers le ruisseau sous ces gazons caché,
S’arrêter et se taire.
Or, le sage, écoutant, loin du monde moqueur,
Dieu dans la moindre brise,
Saisit pour son clavier et garde dans son cœur
Tous ces bruits qu’on méprise ;
Car tous, là-haut, soupirs exhalés, sans témoin,
Du brin d’herbe ou du hêtre,
Pour l’éternel concert, avec le même soin,
Sont notés par le Maître !
Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/207
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