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Tu sais, dans notre lutte intime,
Tu sais les maux que j’ai soufferts,.
Eh bien, tu semblais la victime,
Et tu te plaignais de tes fers.

De ma mort, dont toi seule es cause,
As-tu du moins porté le deuil ?
Peut-être, alors, un pli morose
De ton front a ridé l’orgueil.

Mais, si quelque larme suprême,
De tes yeux secs, un soir, coula,
C’est que tu pleurais sur toi-même
Et que le remords était là.

Sur ma tombe que l’herbe cache,
Qui t’empêche encor de venir ;
N’y pourrais-tu, sans qu’on le sache,
Porter dans l’ombre un souvenir ?

Je le vois, ta terreur est grande
Lorsque mon nom t’est prononcé ;
Il fallait donc par quelque offrande
Satisfaire au ciel offensé.

De ton crime et de ma faiblesse
As-tu, dans quelques saints combats,
Bénissant le Dieu qui te blesse,
Accepté la peine ici-bas ?