La feuille tombe et les cimes jaunies
Laissent glisser de clairs mais froids rayons ;
Je n’entends plus nos vagues harmonies,
Je ne sens plus flotter nos visions.
Comme ces bois, en perdant ton mystère,
Tu vois la fin de tes rares beaux jours ;
L’automne, hélas ! si précoce, a fait taire
Le chœur ailé qui chantait les amours.
D’hiver chez toi le ciel avance l’heure ;
Il t’a banni de tes chères forêts ;
L’été s’en va !… mais qu’un autre le pleure.
Pour nous, mon cœur, point de lâches regrets
Fais tes adieux à la folle jeunesse ;
Gesse, ô rêveur abusé si souvent !
De souhaiter que la feuille renaisse
Sur tes rameaux desséchés par le vent.
Ce doux feuillage obscurcissait ta route,
Son ombre aidait ton cœur à s’égarer ;
La feuille tombe, et, sillonnant la voûte,
Un jour plus pur descend pour t’éclairer.
Oui ! si les bois, l’ombrage aimé du chêne,
Ont trop caché la lumière à mes yeux,
Soufflez, ô vents ! que Dieu si tôt déchaîne,
Feuilles, tombez, laissez-moi voir lescieux !
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