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Dieu cueille ses élus dans leurs fraîches années.
Vous avez emporté vos fleurs de l’âge d’or ;
Vous aimiez, vous croyiez, vous espériez encor ;
Vous n’aviez pas subi nos sinistres journées.

Vous étiez, en partant, plein de votre idéal,
N’ayant vu que le bien au fond de toutes choses,
Confiant au succès des généreuses causes,
Et, même en vos douleurs, ferme à nier le mal.

Nulle idole d’un jour n’avait eu votre culte ;
Vous rêviez pour vos dieux un avenir vainqueur,
A la religion que vous portiez au cœur
Les hommes et les temps ne jetaient point l’insulte.

Désespérant du bien, plaignant ceux qui naîtront,
Sondant les profondeurs de la bassesse humaine,
Vous n’avez pas vécu la honte sur le front…
Vous-même, ô cœur sans fiel, auriez connu la haine !

Mais, du chaste séjour où vous êtes monté,
Vous n’apercevez plus rien de triste et d’infâme ;
L’atmosphère d’amour enveloppe votre âme,
Et vous garde à jamais votre sérénité.

Restez dans votre azur au sein des harmonies,
Assis et souriant sur des rayons vermeils ;
Plongez du cœur au fond des choses infinies,
Et mesurez l’espace où flottent les soleils.