Quand j’écoute chanter les nids et les fontaines,
Je suis heureux encor.
Entre les voix des mers et des forêts lointaines
Je démêle un accord.
J’aime encor, sur les flancs des montagnes désertes,
Sans songer au retour,
Joyeux des horizons et des fleurs découvertes,
Me perdre tout un jour.
Le soir, quand je reviens, plein de rêves sans nombre,
J’aime à voir en marchant
Le noir profil des monts découper sa grande ombre
Sur le soleil couchant.
Je tiens encor la clef des grandes harmonies,
L’âme des sons divers
Qui murmurent un peu des choses infinies
Pans l’étroit univers.
L’aspect de nos cités m’irrite et me désole :
Dieu ne s’y fait plus voir ;
Là, tout rire est amer, toute humaine parole
M’y souffle un désespoir.
Je vais aux champs ! Les près, les oiseaux et les chênes,
Dès que l’homme s’est tu,
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