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J’irai vers le désert où votre empreinte reste,
Où votre beauté luit.

Le désert ! épanchant sur les âmes qui saignent
Des philtres embaumés,
Et faisant de mes pleurs que les humains dédaignent
Vos joyaux bien-aimés.

Le désert ! où je puis ramasser votre manne,
Seigneur ! où votre loi
Rayonne dans l’éclair, ou de la fleur émane,
Et vient s’écrire en moi.

L’espoir coule à grands flots de ton sein, ô nature !
L’eau vive du rocher
Calmant les nobles soifs qu’une source moins pure
Ne saurait étancher.

Mon cœur maudit le monde et l’ennui m’en exile ;
Toute ma foi s’y perd ;
Le poëte, à qui Dieu te donna pour asile,
Ressuscite au désert.

Oui, je comprends toujours l’esprit de vos feuillages,
Arbres mélodieux !
Je trouve encor le sens des rapides images
Peintes au front des cieux.