L’inconnu qui me parle est un Dieu bienfaisant.
Accomplissons d’abord la tâche du présent !
La nature l’enseigne à la sagesse humaine :
A chaque jour suffit le fardeau de sa peine,
Et, pour le cœur sincère et simple en ses désirs,
Chaque jour que Dieu fait offre aussi ses plaisirs.
Adieu ! Reste, ô berger ! dans l’erreur qui t’est douce :
L’ignorance est un lit plus tendre que la mousse ;
Reste, au bord de cette onde, à voir tes prés fleurir,
A vivre sans penser, pour vivre sans souffrir.
Ami, qu’un Dieu propice, à ma voix, te délivre
Du démon qui t’a dit : Reste à rêver sans vivre !
Ah ! puissé-je abdiquer, au sein de quelque fleur,
De ce cœur importun la vie et la chaleur !
Pour la sève paisible en ces chênes dormante
Que j’échangerais bien l’âme qui me tourmente,