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La religion vivra et les arts vivront, c’est notre croyance ; mais il faut cesser d’espérer que les arts dépassent l’idéal qu’ils ont atteint, pas plus que l’idéal chrétien ne sera dépassé. Tout ce qu’on peut raisonnablement prétendre, c’est que les émotions et les enseignements de l’art seront mis à la portée d’un plus grand nombre, comme on peut espérer que l’idéal chrétien, que l’imitation du Christ se répandra de plus en plus parmi les hommes. Il y a là de quoi satisfaire les amis les plus enthousiastes de chacun des arts. Pour notre compte, le Parthénon et les cathédrales, Phidias et Raphaël et enfin Beethoven nous suffisent parfaitement. Nous n’imaginons rien de plus grand qu’eux, chacun dans sa sphère ; nous vivrions encore quelques centaines d’années, que notre admiration pour tout ce qu’ils représentent ne serait pas épuisée. Nous croyons que, dans une foule de siècles, l’humanité trouvera encore ces grandes œuvres et ces grands génies à son niveau ; à moins que, de progrès en progrès, la philosophie positive n’ait ramené l’homme à l’état physique, moral et social du singe, notre premier ancêtre, comme chacun sait.